Et si jouer avec son enfant passait par… ralentir et contenir ?

Lors d’une séance d’ESS, une ergothérapeute présente attire mon attention. Elle suit aussi un enfant que j’accompagne, et tout ce qu’elle dit fait vraiment sens pour moi.

Malgré mes préjugés (pas scientifiquement prouvé, etc.), je décide de la contacter après la réunion, car elle a clairement beaucoup d’expérience et de connaissances sur un sujet que je maîtrise peu : l’intégration neuro-sensorielle. Toujours curieuse d’en apprendre plus pour mieux aider les enfants, je lui demande de donner une formation de deux soirs aux parents que je suis.

Elle accepte, mais je ressors un peu déçue. Beaucoup de termes compliqués, certaines explications qui ne me convainquent pas.

Mais je me souviens que je n’étais pas toujours d’accord non plus avec RDI, qui n’est pas aussi scientifiquement validé que l’ABA. Pourtant, j’ai énormément appris de cette approche et j’en applique encore des éléments tous les jours, comme ralentir et éviter les renforçateurs extrinsèques. Même si mes principes ABA restent la base de tout ce que je fais, je me rends compte qu’on peut tout à fait apprendre d’approches moins validées scientifiquement, surtout quand on voit que ça fonctionne et que les enfants progressent.

Je me dis que le mieux, c’est toujours de voir la personne travailler directement avec l’enfant pour savoir si elle sait vraiment de quoi elle parle.

C’est pour ça que, malgré ma déception initiale, je lui propose de venir assister à mes séances, pour voir ensemble ce qu’elle pourrait m’apporter en plus. Les parents sont ravis, et elle m’assiste sur six séances, avec six enfants différents.

On remarque que notre façon de travailler se ressemble beaucoup et que nous donnons souvent les mêmes conseils. Comme celui de faire une activité sensorielle ou physique (pressions, massages), mais seulement quelques secondes, puis s’arrêter pour laisser l’enfant en redemander, plutôt que de risquer d’en faire trop.

Elle nous montre comment rejoindre l’enfant dans son mouvement répétitif, puis transformer cela en un jeu à deux, et ensuite ralentir pour l’emmener petit à petit vers un mouvement plus bénéfique, parce qu’on le fait ensemble et non pas tout seul.

C’est là qu’elle rejoint ma notion de co-régulation, mais elle arrive à rejoindre l’enfant encore plus directement. Elle commence en faisant le mouvement répétitif avec l’enfant, puis le transforme en jeu, puis l’emmène à le faire avec elle, et cela de plus en plus lentement.

Elle nous dit que les enfants qui bougent tout le temps ou restent allongés sur le lit pourraient aimer — et peut-être rechercher — le fait d’être contenus. Chantal m’explique pourquoi, mais moi, je vois surtout que cet enfant se détend complètement quand sa mère s’allonge doucement sur lui (alors qu’il est allongé à côté d’elle sur le lit, sur le ventre), puis se laisse tomber sur le côté.

On en fait un jeu : quand sa mère voit que son fils est prêt, elle dit « et... hopla ! », puis se met doucement sur lui, reste trois secondes, puis se laisse rouler à côté de lui sur le lit. Rapidement, l’enfant réclame « hopla » pour qu’elle recommence le jeu.

Il y a des échanges de regards, des rires, une interaction vraie, pendant au moins 15 minutes. C’est magique, je suis émue, car il y a seulement quelques jours, cette maman était tellement triste de ne pas pouvoir jouer avec son fils. Et là, elle a réussi, et le plaisir est partagé.

C’est surtout cela que je retiens : au-delà de tout ce qu’on fait déjà, on découvre que ces enfants qui bougent tout le temps aiment souvent être contenus. Dans un grand sac lycra, en s’allongeant sur eux, ou en les enveloppant dans un tissu comme un paquet. Peut-être que ce n’est pas scientifiquement validé, peut-être que ça ne réduit pas leurs troubles, mais ils aiment ça, ils le demandent, et surtout, cela nous permet d’entrer en interaction et de jouer avec eux.

Ce qui est vraiment chouette aussi, c’est qu’on aime travailler ensemble. C’est fluide, on se complète parfaitement. J’aime ce qu’elle fait, elle aime voir comment je travaille. On est vraiment « sur la même page », et ça nous apporte à toutes les deux.

Pour moi, cela renforce l’idée que c’est toujours bénéfique d’inviter d’autres professionnels à voir notre travail, à collaborer, à s’enrichir mutuellement. Même si, au début, ça semble incohérent, on découvre que ça peut faire sens. J’ai hâte de recommencer.

Pour vous, parents, vous pouvez tout simplement observer votre enfant et voir quels mouvements il fait souvent. S’il aime tourner sur lui, vous pouvez peut-être essayer de lui donner cette sensation (le prendre sur vos genoux et tourner, ou le faire tourner en face de vous).

L’idée est d’en faire un petit jeu ensemble, d’interagir, puis de ralentir. Chantal dit que l’enfant en tire beaucoup plus si on le fait ensemble, plutôt que seul. Et je la crois, car c’est ce que je vois aussi.

C’est dans la co-régulation qu’on apprend et qu’on avance, pas tout seul. Et c’est pour ça que, depuis que je l’ai découverte en 2020, c’est une partie intégrante de mes interventions.

Dans ma nouvelle formation qui commence en septembre 2025, je consacre une session de deux jours (sur les quatre sessions au total) à la co-régulation, car c’est la base de chaque interaction sociale.

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Caroline

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