
En 2020, lors de ma formation en RDI (Relationship Development Intervention), j’ai découvert un nouveau concept : la co-régulation.
J’ai regardé leur webinaire sur le sujet plusieurs fois pour bien comprendre, et j’ai lu tout ce que je pouvais trouver à ce sujet.
Mais je ne l’ai vraiment compris qu’après l’avoir mis en place, pendant plusieurs années, avec des enfants autistes.
Pourtant, c’est simple. C’est primordial. C’est présent tout le temps dans nos interactions avec les autres.
Dans la co-régulation, on se synchronise avec l’autre, on se cale à son rythme.
Et de mon expérience, c’est exactement cela qui est très difficile pour un enfant autiste. Depuis 2020, je l’ai enseigné à presque une centaine de personnes autistes, de 3 à 15 ans, et cela n’a jamais été facile.
Mais quand on y arrive, c’est magique. Cela se ressent dans le corps, dans la relation, parfois même dans notre cerveau. Et cela change tout.
C’est ce que j’ai vécu récemment avec Elias, un enfant autiste de 10 ans. Quand il n’est pas sollicité, il joue avec le bas de son t-shirt, qu’il pince entre les doigts d’une main, puis qu’il frappe avec un doigt de l’autre main. Il peut faire cela pendant des heures.
Je propose à sa mère de se mettre en face de lui, debout, et de se balancer doucement d’un pied à l’autre, en chantant une chanson qu’il aime. Elle essaie, mais Elias ne décroche pas. Il reste dans ses gestes répétitifs et dans son propre rythme, comme enfermé dans son monde.
Plus tard, je tente à mon tour. Je m’approche doucement et me mets en face de lui. Je lui tiens délicatement les bras, sans l’enlacer – il a dix ans, je suis une professionnelle, je cherche la juste distance.
Je suis complètement présente, calme. À ce moment-là, il n’existe que lui et moi.
Je commence à me balancer. Lentement. En chantonnant.
Et là, quelque chose se passe. En quelques secondes, Elias interrompt ses stéréotypies. Il rit nerveusement, puis il est calme et me regarde avec son visage ouvert. Il entre littéralement dans mon rythme, comme s’il me rejoignait pour la première fois dans un espace commun. Il fait six allers-retours d’un pied à l’autre, des mouvements simples, sur le côté. Il me regarde, souriant, les yeux ouverts.
C’est un instant suspendu. J’ai la chair de poule.
Puis la magie se dissipe. Il retourne à ses mouvements. Mais quelque chose a eu lieu. Quelque chose de précieux. Un point de contact. Une porte entrouverte.
Je sais, pour l’avoir vécu maintes fois, que ces moments peuvent se reproduire, s’allonger, s’approfondir. Petit à petit, le corps de l’enfant apprend à se caler, à ressentir l’autre, à être "avec".
La co-régulation est aussi présente dans la conversation : quand on attend que l’autre ait fini de parler avant de répondre, quand on ajuste son ton à celui de l’autre. Si on ne l’a jamais ressentie, on peut parler sans prêter attention, ou interrompre à tout moment. L’accordage n’a pas eu lieu.
Quelques semaines plus tard, après cette danse avec Elias, je reçois un message de mon collègue Lucas :
“Écoute, ça c’est important pour argumenter nos démarches.”
Il m’envoie un épisode du podcast Les super pouvoirs des bébés (épisode 20 – “Pourquoi les bébés se mettent en rythme avec leur environnement ?”, France Inter).
J’y entends la chercheuse Joël Provasi expliquer :
“Je pense sincèrement que le rythme, c'est la base de la communication. [...] Le bercement, c’est déjà une synchronisation.”
Elle décrit comment les bébés, dès leur naissance, sont capables de se synchroniser avec leur environnement. Cette synchronisation est vitale. Elle leur permet de communiquer, d’interagir, de prédire, d’ajuster leurs réponses.
Elle conclut : “Le rythme, c’est la première étape de la synchronisation. Et la synchronisation, c’est le début de la communication.”
Je suis profondément d’accord. C’est ce que j’observe chaque jour. Une fois qu’on installe cette synchronisation, tout change.
Aujourd’hui, la science confirme cela. Des chercheurs comme Hasson et al. (2012), Jiang et al. (2012), Lindenberger et al. (2009) ou Dikker et al. (2017) ont montré que nos cerveaux peuvent littéralement se synchroniser lors d’interactions sociales, musicales ou éducatives. Ce couplage cérébral favorise la compréhension, l’apprentissage, la relation.
C’est pour cela que je propose une formation de 8h sur la co-régulation – où je vous montre cette danse avec Elias, et bien d’autres vidéos. Parce que la co-régulation s’apprend en dansant, en parlant, mais aussi en faisant les tâches du quotidien ensemble, vraiment ensemble.
Comment ?
Je vous l’enseigne dans cette formation. 8 CEU (unités de formation continue) sont accordées pour les professionnels ACC-A / ACC-B.
Maintenant que vous avez bientôt les vacances scolaires avec votre enfant, prenez le temps d’être véritablement présent avec lui.
Essayez de l’emmener à votre rythme, en dansant lentement, en jouant ensemble sur un tambour, ou simplement en le berçant.
Ne soyez pas découragé si cela ne fonctionne pas tout de suite — ce n’est pas simple.
Essayez à un moment où votre enfant est calme, disponible, et faites les mouvements lentement. Avec le temps, cette présence partagée peut tout changer.
Je vous souhaite de très belles vacances, pleines de petits instants de rythme partagé.
Références :
- Joël Provasi – Les super pouvoirs des bébés, épisode 20 (France Inter, 2024)
- Hasson, U. et al. (2012). Brain-to-brain coupling: a mechanism for creating and sharing a social world. Trends in Cognitive Sciences, 16(2), 114–121. https://doi.org/10.1016/j.tics.2011.12.007
- Jiang, J. et al. (2012). Neural synchronization during face-to-face communication. Journal of Neuroscience, 32(45), 16064–16069. https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.2926-12.2012
- Lindenberger, U. et al. (2009). Brains swinging in concert: cortical phase synchronization while playing guitar. BMC Neuroscience, 10:22. https://doi.org/10.1186/1471-2202-10-22
- Dikker, S. et al. (2017). Brain-to-brain synchrony tracks real-world dynamic group interactions in the classroom. Current Biology, 27(9), 1375–1380. https://doi.org/10.1016/j.cub.2017.04.002

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