Je suis chez une famille et la maman me dit que c’est la galère de brosser les dents de son enfant. Elle me demande comment faire, s’il faut mettre en place une séquence visuelle, le forcer, ou autre. Je lui demande de me le montrer, car je veux voir ce qui se passe exactement avant de donner des conseils.
Elle essaye de brosser les dents de son fils. Celui-ci essaye de s’enfuir, il doit être tenu pour rester, et sa mère lui brosse vite fait les dents. Il essaye de pousser sa main, ferme sa bouche, gémit, et elle me dit, exaspérée :
« Tu vois, il ne se laisse pas faire, c’est toujours comme ça ! »
Je vois qu’effectivement, c’est un moment stressant pour tous les deux.
Le lendemain, je reviens et je lui montre comment faire, car je préfère montrer moi-même. Cela me laisse également la possibilité de m’ajuster si besoin et de résoudre les problèmes qui surviennent pendant que je le fais.
Je dis à l’enfant qu’on va se brosser les dents. Il me suit et je prends la brosse à dents. Je m’assois devant lui et je suis complètement détendue. Je lui montre la brosse, sans la mettre directement dans sa bouche. J’attends qu’il la prenne ou qu’il rapproche sa bouche.
Dès qu’il le fait, je lui brosse doucement les dents en comptant : « 1, 2, 3 », puis j’arrête. J’arrête pour qu’il reprenne la brosse et me montre qu’il veut continuer.
Aussi, il tient ma main et fait le mouvement avec moi, sans vraiment le faire tout seul.
Ainsi, on brosse ses dents, et les parents sont étonnés. Ils n’avaient jamais vu leur enfant coopérer aussi facilement.
Ceci m’arrive souvent. Ça peut être le brossage des cheveux, laver le visage, moucher le nez…
C’est quoi, en fait, que je fais que le parent ne fait pas ?
En premier, je ne suis pas stressée. Je sais qu’on va y arriver. Je prends mon temps, je ne suis pas pressée non plus.
Mais, très important : je montre à l’enfant ce que nous allons faire. Je montre la brosse, le gant de toilette ou autre.
Puis, j’attends qu’il me montre avec son corps, en se rapprochant de moi ou en prenant la brosse qu’il est prêt pour que je le fasse.
Si jamais il ne le fait pas, je peux le faire sur moi, lui montrer, ou mieux encore, le laisser me le faire à moi ! Ça les amuse toujours.
Puis on peut faire un peu sur moi, puis un peu sur lui. On laisse l’enfant faire lui-même tout ce qu’il peut faire, à son rythme (par exemple, s’essuyer la bouche avec un gant de toilette tiède — pas froid !).
On peut également se mettre devant un miroir pour qu’il puisse voir ce qui se passe.
Mais le fait que j’attende qu’il me montre qu’il est prêt, que je ne commence pas sans ça, lui donne un sentiment de contrôle.
C’est pour cette même raison que ça ne dure que 3 ou 4 secondes.
Aussi, si jamais il me montre qu’il veut arrêter avant que les 3 secondes soient passées, je m’arrête, TOUJOURS.
Imaginez-vous chez le dentiste. Vous aimez bien que le dentiste prenne son temps, qu’il attende que vous montriez que vous êtes prêt, qu’il dise ce qu’il va faire et qu’il écoute quand vous levez la main pour signifier « stop ! » ou « je veux une pause ». (Ou est-ce seulement moi qui ai un dentiste comme ça, car il voit à quel point j’ai peur !)
C’est pareil pour votre enfant autiste.
Trop souvent, l’enfant est surpris par le mouchoir qui semble venir de nulle part et qui appuie sur son nez avec force pour faire sortir le mucus. Ce n’est pas agréable.
Je comprends que le parent le fasse ainsi : il veut éviter que son enfant échappe au fait de se moucher, et c’est nécessaire.
Mais ainsi, ça devient un cercle vicieux.
Montrez le mouchoir, dites-lui « On va se moucher », attendez qu’il avance vers le mouchoir avec son visage avant que vous le mouchez, et essayez de le faire doucement et de le faire participer.
Vous voyez, ça ira beaucoup mieux.
C’est l’été, vous avez le temps. Essayez de prendre plus de temps pour ces soins, comptez jusqu’à 3 puis arrêtez, même si tout va bien et que votre enfant ne montre pas de signes de stress.
Arrêtez quand même. Votre enfant va vous faire confiance si vous vous comportez toujours de la même façon. Trois secondes, pas plus.
Si je montre que je veux une pause, elle le respecte.
Si je veux qu’elle continue, je peux également le montrer.
Et vous allez voir, ça va changer votre vie.
Plus qu’une séquence qui lui montre ce qui va se passer, il a surtout besoin de faire confiance : que son parent est à son écoute, qu’il est prévisible et qu’il soit vraiment présent avec lui. C’est le plus important.
Ensemble, vous allez surmonter ces difficultés et, ensuite, il pourra le faire tout seul.
La séquence sera mémorisée dans des conditions idéales, et il ne va pas détester le faire non plus.
Grâce aux bons souvenirs, qu’il retient pour toujours, ces moments passés avec ses parents dans la salle de bains deviendront de jolis souvenirs : là où on faisait attention à lui, où on prenait notre temps, où on l’attendait avec une grande serviette ouverte pour l’essuyer.
Le plus important, c’est de construire la relation avec son enfant, d’être son guide.
C’est pour cela que je préfère que ce soit le parent qui montre comment faire, qui montre comment rester tranquille, et que tout soit vécu dans l’interaction, et non pas seulement par la guidance d’images ou d’une application que l’enfant suit.
L’enfant doit d’abord apprendre à suivre son parent et à lui faire confiance, par-dessus tout.
Car c’est cela qui lui permettra d’avancer véritablement dans sa vie : apprendre de ses parents, puis petit à petit, d’autres personnes…
Même si tout ça semble évident, c’est ainsi que j’ai réussi, avec un de mes clients qui ne se laissait pas brosser les cheveux ni mettre des pinces, à l’emmener chez le coiffeur, une année plus tard.
Imaginez-vous être le guide de votre enfant. Vous allez pouvoir lui apprendre tout, dans n’importe quelle situation, face à n’importe quel obstacle à surmonter.
Il pourra s’appuyer sur vous, sur votre expérience, et avancer avec confiance.
Dans la formation qui commence en septembre, vous apprendrez comment devenir le meilleur guide pour votre enfant… et bien plus encore.
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Caroline
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